Micro-édition réalisée dans le cadre du Symposium international « La pensée active de Gilles Deleuze », 8-9-10 novembre 2022, ESAD-Talm Angers.
Novembre 2022
En 2017, lors de la publication de mon article sur les anagrammes de Jean Dupuy “Le je(u) du traduire anagrammatique”, j’imprime une version papier de l’article accessible sur la plateforme Érudit. La première page du fichier pdf subit une compression qui vient glitcher la page de titre et ses informations. Cette altération fortuite répond au trouble que Jean Dupuy fait subir au langage : un trouble de la prosodie, un trouble lettriste proche du bégaiement.
Dans Un anagrammiste atteint de palilalie (1990), Jean Dupuy réalise une variation anagrammatique : l’anagramme “Plouf!Ouf!” répète 12 fois différemment un moment de la vie de l’artiste – lorsque Jean Dupuy, délaissant la peinture, émigre aux USA en 1967. L’anagramme est le symptôme bègue d’un exil, d’une déterritorialisation physique et géographique, mais également plastique (lorsqu’il abandonne la peinture lyrique).
Pour cette micro-édition, je décide de scanner les anagrammes de l’édition de 1990 à l’aide de l’application “Adobe Scan”. La technologie OCR (optical character recognition) du logiciel permet la reconnaissance optique des lettres : de l’image du texte sont extraits des caractères exploitables dans un traitement de texte. Le geste tient d’une forme de traduction ou transcription. Pourtant, la technologie montre ses limites face aux anagrammes “hand written” de l’artiste : la reconnaissance optique déforme les lettres manuscrites et renvoie le signe à sa matérialité de caractère visible illisible. Le logiciel, dévoyé de sa fonction d’outil de lisibilité et d’archivage, produit une version glitch de l’édition de 1990.